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24 Dec

2. Ostéo, placebo or not nocebo ? Nocebo ma non troppo…

Publié par francois delcourt  - Catégories :  #recherche et développement

Pieter Brueghel l’ancien. La chute des anges rebelles. 1562.

Pieter Brueghel l’ancien. La chute des anges rebelles. 1562.

Pieter Brueghel l’ancien subit l’influence de Jérôme Bosch en réalisant une peinture mettant en scène le coté sombre des personnages à l’image de ces anges rebelles déformés et transformés en « démons ». Du paradis et l’angélisme du placebo au démoniaque et perfide du nocebo, l’archange Mickaël, tel un thérapeute tente de lutter contre la descente aux enfers de la maladie.

Le mot nocebo apparaît dans les années 1990 comme un inverse du placebo. Il est censé représenter les effets indésirables, nocifs, les effets réduits ou aggravés d’un médicament ou d’une thérapeutique. C’est l’effet négatif entre ce qui est prévu et ce qui est réellement perçu par le traitement.

« Tout homme bien portant est un malade qui s’ignore ». (Romain Jules. 1923)

Endomédicaments

Depuis les travaux d’Henri Laborit, un rat lutte moins bien et crève s’il est soumis à un stress chronique et incontrôlé, seul et enfermé (fight, flight or freeze). Victoire, échappatoire ou mouroir. S’il est en communauté et qu’il peut interagir avec son environnement et ses congénères, c’est différent. Des cellules cancéreuses injectées à des rats (Visintainer 1982) se développent préférentiellement chez ceux qui sont soumis à des chocs électriques incontrôlés et auxquels ils ne peuvent échapper. Le stress provoqué, chronique, subit passivement et non annoncé est-il susceptible de réduire les défenses immunitaires ?

Chez l’animal, un stress ou un évènement traumatique non létal, répétitif, incontrôlé, imprévisible et incompréhensible perturbe l’immunité. Le même évènement subit mais annoncé provoque une adaptation et est placebo-inducteur, ainsi, ce contrôle favorise les défenses immunitaires et s’oppose au développement des cancers.

Chez l’homme, (plutôt la femme), le fait d’être ou pas intégrée dans un groupe de parole après un cancer du sein, favorise la survie de celles-ci, par rapport à celles qui restent à lutter seules (David Servan-Schreiber. 2007) Le groupe d’appartenance commune, la microsociété crée du lien et stimule (ou normalise) l’immunité. Pourquoi la plupart des animaux sociaux évolués vivent en groupe ?

De même un rat plâtré complètement, sans pouvoir se mouvoir, ce qui est l’apanage de sa vie normale, le fait crever d’un ulcère perforant et hémorragique de l’estomac par sécrétion excessive de cortisol, hormone du stress.

De même que pour l’effet placebo, dans l’effet nocebo ce sont les hormones du stress, cortisol et noradrénaline qui agissent ; le système immunitaire affaiblit, peut favoriser le développement de cancers et de maladies auto-immunes.

Le système immunitaire a la même origine embryologique que le système nerveux, ce sont les crêtes neurales de même que des médiateurs identiques (sérotonine, dopamine et noradrénaline) et ainsi, peut être considéré comme une système nerveux circulant ! Au niveau thalamique, sorte de zone d’aiguillage cérébral, le stress peut basculer par une voie nerveuse (associée à la dépression, les insomnies et l’anxiété) ou par une voie immunitaire (allergies, infections, maladies auto-immunes) ou une voie médiane dans les maladies psychosomatiques comportant une part physique bien réelle et une part psychique. Certes un peu caricatural au demeurant, on s’aperçoit bien que toute maladie a plusieurs composantes qui forment un tout complexe caractéristique de chacun.

Comprendre et interpréter un phénomène dépend de l’approche que l’on en fait. Chacun y va de ses compétences ; aussi pour mieux comprendre, il est important de considérer les approches médicales, sociales, comportementales et éthologiques, psychologiques, anthropologiques, historiques et biologiques.

Les historiens et les informaticiens sont bien utiles lorsque l’on veut comprendre et maitriser une épidémie par exemple.

L’effet placebo ou nocebo résulte de la production de nombreux endomédicaments par notre corps (pas seulement le cerveau, mais aussi les surrénales, le système neuroentérique). Sous l’effet du sport, de la colère, de l’amour ou d’un état émotionnel extrême, l’organisme est capable de fabriquer la plupart des substances identiques en tout point aux drogues…mais naturelles et « bio ». C’est l’état de manque des sportifs alités, des travailleurs acharnés burn-outés arrêtés, des tout jeunes retraités.

 

Nos peurs sont-elles plus fortes que nos états physiques ?

La douleur et le stress sont plus élevés dans les groupes soumis à un nocebo pour lesquels la prédisposition à la peur de la douleur médicale, sans rapport avec la personnalité, et les états émotionnels s’y référents sont plus élevés (Aslaksen. 2015)

Selon de nombreuses études, la prévalence de la guérison en cas de chimiothérapie ou radiothérapie est fortement corrélée à la réaction du malade au diagnostic de son cancer. Le fighting spirit reste le meilleur allié du médecin.

2. Ostéo, placebo or not nocebo ? Nocebo ma non troppo…

Infobésité, fast trade et fast food.

De nos soldats de Dieu des croisades jusqu’à nos grands-parents, vaillants soldats de feu durant les deux guerres au début du XXe siècle ; ceux-ci ont été remplacés par de vaillants soldats pour eux tant l’individualisme, le népotisme, le favoritisme et le capitalisme gangrène le monde de l’entreprise en ce début de XXIe siècle.

De nombreuses personnes, véritables chair à canon les « soldats du front » de l’état nation du XXe siècle (voir le document) sont devenues chair à entreprise, des gueules cassées aux burn-outés de la nocebo-entreprise.

« La guerre est un massacre de gens qui ne se connaissent pas, au profit de gens qui se connaissent mais ne se massacrent pas. » (Paul Valéry)

De plus depuis la fin de la seconde guerre mondiale, les acquis sociaux, âprement négociés mais aujourd’hui décriés mettent le citoyen dans une situation parfois jugée d’assistée.

« Les régiments de bien portants sont devenus des armées d’assurés sociaux, assujettis, mutualisés. » (Lemoine. 2011)

Du soldat obéissant nous somme passé au contribuable responsable (et forcement coupable) et informé.

Patients et citoyens informés et désinformés, surinformés (on parle d’infobésité), martelés et isolés, affolés, stressés et rassurés, règlementés et dérèglementés, découragés et encouragés, polémiqués, baladés et drivés ou formatés font-ils le lit de la morosité ambiante ? Selon le vieil adage : « Tout ce qui n’est pas exprimé est imprimé » serait-il à l’origine de tant de « maladies fonctionnelles » nouvelles ?

Comment se sortir de tant d’informations et qui plus est trop souvent contradictoires ? La douche écossaise des médias ou les infos préventives « sécuritaires » à foison semblent laver les annonceurs de toute responsabilité. Informer c’est se disculper et c’est reporter la culpabilité sur l’autre. « Je vous avais prévenu ! » c’est se dédouaner et ainsi assurer sa défense en cas de contestation. Il n’y a qu’à lire les notices des médicaments qui font un listing exhaustif de tous les effets désirables et indésirables du traitement. Or différentes études montrent qu’il suffit de lire la liste des effets indésirables pour les provoquer ! Vaste nocebo-induction !

Perdus dans les limbes des effets nocebo et des troubles fonctionnels les patients n’ont d’autres reflexes que de se retrouver chez les coach, ostéo, psy, et bien d’autres qui ont une vertu perdue de nos chers prescripteurs : l’écoute !

Les « pathologies fonctionnelles » remplissent entre 40 et 60% de la consultation médicale, les patients ont-ils tant de mal à dire leur mal être et les médecins tant d’orgueil à ne pas les écouter et à leur jeter des prescriptions « d’anti » ?

La médecine ne voulant rien y comprendre fait le lit des professions parfois charlatanesques qui savent les entendre.

Une nouvelle, bonne ou mauvaise, accompagnée d’une solution de précaution et de protection aura de meilleures répercussions.

L’information sans prévention et sans résolution ni solution mène à la dérision, la désapprobation, la contestation, la réaction d’émotion, la manipulation, la destruction, la malédiction et la consternation mais en aucun cas à la réflexion et à la protection.

Ce n’est pas tant l’information qui est nocive, mais sa diffusion massive et répétitive, contrôlée (par les médias ou instances dirigeantes), et la façon dont elle est perçue. A l’image des sirènes de l’aviation militaire et autres tocsins moyenâgeux, prévenant occasionnellement du danger, quand celui-ci était présent, permettait d’agir en conséquence : tous aux abris !

J’ai le souvenir d’un médecin Libanais exerçant à Boston aux USA interviewé au sujet des urgences et traumas de guerre. Au Liban, en pleine guerre, les hôpitaux étaient peu bombardés, et rarement de nuit et les médecins s’affairaient aux soins. A Boston, les guerres de gangs et les attaques à mains armées des toxicos et autres cas psychiatriques se font sans prévenir et sans aucune règle ni respect ni code d’honneur guerrier, finalement sans contrôle ni maitrise et bien plus stressants.

2. Ostéo, placebo or not nocebo ? Nocebo ma non troppo…

Est-il bien utile de poser des questions à une gamine près du corps mort de sa mère lors des attentats de Nice et de montrer les images ? Quel en est l’intérêt à part le sensationnel télévisuel et l’audimat de B.la ferme !TV ? Qu’en faire de cette information ? Compatissons certes mais pour quelle action ? Polémiquer sur les causes probables et les responsables ? Culpabiliser le contribuable solvable et forcement irresponsable ? Il est étonnant de constater que la plupart des problèmes de santé publique, la dominante des actions gouvernementales se résument à la création d’une loi ou d’une taxe. Un fait divers, une loi, une taxe. C’est la politique de la jurisprudence ! La presse est un pouvoir, est-elle encore un contre-pouvoir ?

Les annonces nocebo-catastrophiques et nocebo-toxiques se voulant information sensationnelle ont des effets contagieux circonstanciels et pestilentiels pour la santé plurielle.

Que dire des annonces catastropho-épidémiologiques faites dans les médias au cours de ces dernières années provoquant des vaccinations de masse express dans les gymnases occultant volontairement et au détriment des actions préventives des médecins de ville ?

L’autodafé médiatico-inquisitionnel a le même pouvoir sur les masses ignorantes qu’au temps jadis : faire peur !

« La médiacratie et la médicocratie relayées par la médiocratie ambiante sont en train de remplacer la démocratie. » (Lemoine 2011)

Vouloir à tout pris informer, sous prétexte d’intégrité, sans donner les outils pour comprendre ou maitriser, c’est rendre malade tout une population. Une étude en cours tente de mettre en place un programme de recherche transdisciplinaire de la mémoire collective liée aux attentats de novembre 2015. (mémoire13novembre.fr)

Plusieurs types de population sont mises à contribution au cours de celle-ci. Les victimes, familles de victimes et les intervenant proches, les résidents proche des lieux d’attentat et les populations éloignées n’ayant eu qu’un contact très éloigné avec les évènements. Comment s’organique la mémoire individuelle et collective dans ces populations ? Quelle population est la plus traumatisée ? Quels sont les effet traumatiques ? Comment se met en place cette mémoire collective face aux médias, réseaux sociaux, les images et textes commémoratifs ? Quels sont les marqueurs de la résilience ?

Il serait intéressant et étonnant de constater que les populations éloignées pourraient être aussi traumatisées que les victimes directes. L’abondance d’informations médiatiques relayées sans les comprendre, pouvoir les analyser et les contrôler afin de les éviter et les combattre sont-elles susceptibles de nous rendre physiquement et psychiquement malade ?

14 facteurs influençant l’effet nocebo sont décrits (Webster 2016). Le plus important étant la dose d’exposition, favorisant l’émergence et l’exagération des symptômes. Pour contrecarrer ces effets délétères, il faut limiter la suggestion des symptômes pouvant être perçus, corriger la perception exagérée et irréelle des symptômes perçus, et réduire les doses des patients présentant des effets indésirables importants.

La bonne information éclairée et juste, non paternaliste permettrait de réduire l’effet nocebo inducteur du prescripteur ou thérapeute.

Informations paradoxales

Trop d’infos tuent l’info, et le pire ce sont les informations paradoxales et contradictoires proférées dans le même temps. C’est un « double lien » qui accroche la personne d’un coté pis d’un autre coté opposé. Déstabilisant au plus haut point, elle suscite en général plusieurs types de réactions menant sur le long terme à la sidération intellectuelle, le renoncement, l’inhibition de l’action. Par exemple, deux petites robes sont offertes (une rouge, une noire), réponse lors de l’essai de l’une d’elle (au hasard) : « tu n’aimes pas la 2e ? » créant culpabilité, folie, colère ou rire mais en aucun une réponse appropriée.

Les traders et les algorithmes de fast trade obéissent non pas à la santé économique des entreprises mais à la rumeur et à l’humeur.

Une rumeur sur Obama a fait dégringoler la bourse de New York. En matière financière, la majorité des informations ne sont en définitive que des bruits à l’origine de la volatilité et de la fébrilité à court terme des marchés. Les algorithmes de fast trade peuvent parfois surpondérer l’information la plus récente mais pas forcement la plus pertinente. Les informations prennent parfois la forme de rumeurs, celle-ci reste profitable à quelqu’un mais pas nécessairement à la santé et à la productivité de l’ensemble du marché, donc passablement suspecte. Agir au dépend d’une information unique et peu fiable, sans la décrypter, emportant la décision peut avoir des effets nocifs à la fois pour la salle des marchés, la société, le marché mondialisé et la santé….

2. Ostéo, placebo or not nocebo ? Nocebo ma non troppo…

Le nocebo de la mode

Dans la tradition judéo-chrétienne, le « gros » est associé au péché de gourmandise, le maigre et l’ascète, pour lequel le corps charnel est un fardeau bien éloigné du corps spirituel, revendique plus l’élévation de l’esprit que la gloutonnerie.

La maigreur, critère du beau, excepté Botero, fait le lit des bimbos des plateaux et des retouches photo. Les jouvencelles peu charnelles des défilés de mode sont devenues les idoles de l’errance des anorexiques de l’adolescence. Le Diktat obligé des couturiers provoque des dangers, des suicides parmi les égéries de la beauté et sonne le glas des « fashionistas » selon le terme d’Oscar de la Renta (Maçon-Dauxerre. 2016)

Le paradoxe vient du fait que, d’un coté, le mannequin est censée s’effacer devant le créateur et son œuvre, et de l’autre coté le mannequin est adulée, choyée, admirée, par médias interposé, pour sa beauté. Où est la cohérence, si ce n’est la finance ?

Les noms, connotations glorieuses, maléfiques ou bénéfiques tirées des tradi-praticiens les plus anciens sont encore en usage aujourd’hui en médecine. Il n’y a qu’a recenser les dénominations vernaculaires des médicaments : pondéral® pour pondérer ses rondeurs, Gardenal® pour garder son humeur, Prozac® pro-action, Urbanyl® pour rendre plus urbain. Pratique mais peu scientifique, on pourrait croire à la théorie des semblables chère à Paracelse : similia similibus curantur ; "les semblables soignent les semblables". La médication au nom pas banal est-elle la pierre philosophale ?

 

Information non verbale

De nombreux messages non verbaux, physiques et visibles comme les attitudes, gestes, mimiques, mouvements ou auditifs dans les cris et intonations de voix, ou olfactifs comme les odeurs corporelles modifiées, les phéromones, odeurs sudorales, les parfums nous renseignent sur les états d’âme et autres psyché du groupe humain ou social dans lequel nous évoluons. La proximité et la promiscuité peuvent faire basculer d’un état d’âme à un autre, d’un état de panique ou de béatitude et d’enthousiasme au sein du groupe ; à l’instar des mouvements de foule urbains, festifs et sportifs ou post-traumatiques. Imaginez un inoffensif abruti, même blondinet, hurlant Hallah ouakbar dans un concert rock aujourd’hui ?

Croyance et influence, effet lessebo

En testant les effets de l’alcool ou du LSD versus placebo. On peut voir des effets s’accentuer ou diminuer selon le contexte. Prenons deux patients mis ensemble, un sous traitement, l’autre sous placebo ; sans les prévenir que l’un a le placebo, l’autre le traitement, les effets du traitement se font sentir chez les deux personnes (ébriété ou hallucinations). Dans un deuxième temps, on leur explique le stratagème et on leur dit que l’on poursuit et que l’on inverse les rôles avec les mêmes doses, les effets sont beaucoup moindres, voire nuls. Paraître ivre ou halluciné en se sachant sous placebo est une honte bien supérieure aux effets du traitement. C’est l’effet lessebo.

Il peut exister un effet négatif relatif aux attentes des patients sachant qu’ils peuvent recevoir un placebo lors d’un essai clinique, c’est ça l’effet Lessebo. Se croyant sous placebo, ils minimisent l’effet du médicament-traitement potentiel. Dans les traitements antiparkinsoniens (Tiagro 2014), cet effet semble lié à la réduction de dopamine (hormone du plaisir et en forte baisse dans ce type de pathologie).

Dans un essai en simple aveugle, le médecin sait ce qu’il prescrit, le patient non. Il suffit de délivrer un placebo et un produit actif dans un groupe pour voir des effets nocebo car le médecin sait qu’il délivre un placebo. Dans le même essai en double aveugle, où ni le médecin ni le patient ne savent ce qu’ils prennent ni ne donnent, par un pur hasard, la possibilité éventuelle que les patients reçoivent un traitement fait que même un placebo à des effets ! C’est donc plus la conviction et la croyance du prescripteur qui ont le plus d’effet.

 

Notion de maitrise

Ainsi, a chaque époque ses petites maladies fonctionnelles que le thérapeute, quel qu’il soit, est censé guérir. Face à la souffrance, au mal-être, différents acteurs se sont succédés au lit du malade.

« Le thérapeute a toujours eu un triple rôle : diagnostiquer, pronostiquer et consoler, le rôle thérapeutique n’est apparu que récemment. » (Lemoine 2011)

« Toute cette antique procédure avait un but essentiel : donner au malade un sentiment de maîtrise sur les évènements obscurs qui se déroulaient en lui. Le médecin ne disposait pas d’un arsenal thérapeutique sophistiqué comme aujourd’hui, mais il jouait un rôle complémentaire du prêtre, situé entre une divinité vengeresse ou compatissante et un patient souffrant et implorant. » (Lemoine 2011)

Le sentiment de maitrise du processus thérapeutique de la part du thérapeute transférable au patient est un des facteurs les plus important dans le processus de guérison.

Autrefois, « je le pansai, dieu le guérissait » cher à Ambroise Paré, signifiait que le thérapeute était investi par le divin, et malheureusement les traitement étaient souvent placebo. Le patient se sentait sous contrôle, du thérapeute et du divin.

Aujourd’hui, nous sommes passés à la responsabilité pleine et entière du thérapeute. Néanmoins, le sentiment de maitrise n’a rien à voir avec le contrôle de la maladie et la guérison garantie. Le thérapeute maitrise ce qu’il fait, il ne contrôle pas ce qui se passe. La meilleure des techniques ou approche thérapeutique n’est pas une garantie de guérison, elle est un moyen d’y parvenir pas nécessairement une solution. La guérison n’engage que ceux qui y croient.

Il faut néanmoins resituer le chose et préciser que les gens crevaient joyeusement en pensant que Dieu avait décidé que leur heure était venue. Sous contrôle oui, mais pas le leur !

« Vous n’avez rien mais par précaution et pour vous rassurer, je vais vous prescrire des antibiotique (ou un scanner) ». Phrase somme toute anodine mais, dans l’inconscient de certaines personnes, comme dirait Pierre Desproges : « Pâques au scanner, noël au cimetière ».

La notion de maitrise est très importante, qu’elle vienne du patient ou du thérapeute, liées aux croyances de chacun des deux acteurs face à la maladie. Les croyances peuvent être bénéfiques, les non-croyances et le scepticisme ont des effets nocebo-inducteurs flagrants. La croyance induit l’effet placebo, le scepticisme l’effet nocebo.

« Le pire des nocebos c’est le scepticisme de celui qui ne croit en rien, n’attend rien. A ne pas confondre avec le scepticisme critique de celui qui ne s’en laisse pas compter par le premier charlatan venu ! A ne pas confondre non plus avec le scepticisme morbide, quasi dépressif, et son corollaire, le pessimisme. » (Lemoine 2011)

du pessimisme au cynisme, il n’y a qu’un pas, signe d’une souffrance, d’un manque de reconnaissance, d’une sensibilité et d’une empathie allant bien au delà de la simple relation duelle ou fusionnelle mais plus large, culturelle, existentielle.

« Le bon médecin est le médecin enthousiaste, le mauvais est celui qui garde une attitude de scepticisme élégant. » (Lemoine 2011)

Les effets nocebo (les effets secondaires) sont majorés dans les études concernant les maladies fonctionnelles qui ne mettent pas le pronostic vital en jeu. Ce qui n’a rien à voir avec les maladies fonctionnelles qui n’engagent pas le patient dans un processus réel morbide, même si celui-ci s’y met parfois tout seul.

Les effets secondaires sont aussi majorés en orientés à cause des questions des expérimentateurs (formulaires d’information, recueil de questions liées au déroulement de l’étude).

état de santé, état des maladies

Les manifestations fonctionnelles évoluent selon leur époque. Des brulures, piqures et autres damnations de l’inquisition, pâmoisons et convulsions de l’époque Freudienne, l’histoire est pleine de conversions et d’autres symptômes d’identification au groupe. La colopathie fonctionnelle, la fibromyalgie, le mal de dos n’existaient pas au XIXe siècle, aujourd’hui ils sont légion.

Ce sont des manifestations d’organes et d’esprit avec ou sans atteinte d’organe qui correspondent à une souffrance réelle pas forcement identifiable, palpable et jugulable et parfois pas numérisable. Pas cartographié donc ça ne doit pas exister, tel est le crédo du manip radio et pourtant tous les ostéos savent bien que la carte n’est pas le territoire.

Selon la définition de l’OMS : « La santé représente un état de complet bien être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité. »

Cette définition donne un état de santé unique, idéal (complet bien être), au sein de plusieurs contextes (physique, mental et social), sans faire état d’une maladie où de son absence. Il fait appel à un ressenti, à un état de santé perceptuel différent d’un état réel. Ainsi un sujet âgé, un handicapé peut se sentir en bonne santé parce que ce ressenti n’a rien à voir avec une performance physique, psychique ou sociale, idéalisée.

Le témoignage de (Nick Vujicic 2014) ou de (Philippe Croizon. 2006) sont les exemples d’une résilience extraordinaire face au handicap inné ou acquis. Ce qu’ils sont capables de réaliser, ce qu’ils sont, et les représentations qu’ils incarnent font dire qu’ils ont une bonne santé malgré leur infirmité visible.

Sans vouloir culpabiliser ou pointer du doigt, je connais plein de gens qui même en l’absence de maladie connue ou handicap avéré sont en bien plus mauvais état de santé qu’eux.

J’ai été bouleversé lors du visionnage du film « Demain », par son optimisme, par les exemples d’empathie collective et communicative, les espoirs et les croyances d’une société ou les acteurs ont repris possession d’eux même et de leur avenir, de la résurgence d’un sentiment de maitrise si bénéfique.

On a trop souvent tendance à identifier des maladies, ou s’identifier à elles, rire des hypochondriaques, chercher « la petite bête » sur ce qui ne va pas au lieu de développer ou initier un bon état de santé. La santé n’a rien à voir avec la perfection d’un apollon, mais plutôt l’acceptation de ses imperfections. Ce n’est hélas pas ce que l’on nous montre, ou ce que l’on veut nous faire comprendre. Patho-nocebo quand tu nous tiens.

« La médiacratie et la médicocratie relayées par la médiocratie ambiante sont en train de remplacer la démocratie. » (Lemoine 2011)

La santé est plurielle, la maladie est unique ; et non pas l’inverse.

La définition collective de la santé et de la maladie doit faire place à une représentation personnelle de celles-ci. C’est ce que font la plupart des médecines non conventionnelles et traditionnelles.

La recherche est-elle devenue une entité qui s’auto flagorne et se repaie de ses propres articles, sur la republication et la recherche de renommée, de célébrité, de visibilité, de crédibilité et de crédits afin d’éviter d’être discréditée ? Nonobstant la sérendipité, ce qu’elle ne cherche pas, ne trouvera pas et est ainsi de facto critiqué et contesté.

« La religion promettait le paradis après la mort, promesse jamais vérifiée, alors que la science le promet avant, ce qui est malheureusement toujours démenti. » (Lemoine 2011)

l'association des connaissances médecin-patient est la meilleure alliance qui soit afin de favoriser la guérison. A l'instar de ce qui se développe aujourd'hui comme les groupes de "patients experts" ou la, maladie vécue, source de connaissance permet à ces patients d'enseigner à des médecins. (Le Monde 12.09.2016)

Les guérisons « miraculeuses » des ostéopathes ne devraient-elles pas être étudiées au lieu d’être critiquées ?

Si les ostéos ne guérissent rien du tout, sont purs placebo, mais participent au bien être et sont un des éléments favorisant la guérison, tant mieux ! 

Références

Jules Romain. Pièce de théâtre : Knock ou le triomphe de la médecine. 1923.

 

Visintainer MA. Tumor rejection in rats after inescapable or escapable shock. Science. 1982. Vol 26. N° 4544.

 

David Servan-Schreiber. Anticancer. Robert Laffont. 2007

 

Aslaksen PM, Lyby PS. Fear of pain potentiates nocebo hyperalgesia. J Pain Res. 2015 Oct 12;8:703-10. doi: 10.2147/JPR.S91923. eCollection 2015.

 

Patrick Lemoine. Le mystère du nocebo. Odile Jacob. 2011

 

Webster RK, Weinman J, Rubin GJ. A Systematic Review of Factors That Contribute to Nocebo Effects. Health Psychol. 2016 Sep 22.

 

Maçon-Dauxerre Victoire. Jamais assez maigre. 2016. Les arènes.

 

Tiago A. Mestre. Another face of placebo: The lessebo effect in Parkinson disease. Meta-analyses. Neurology 82 April 22, 2014

 

Vujicic Nick. La Vie au-delà de toute limite. Poche. 2014

 

Croizon Philippe. J'ai décidé de vivre. Jean-Claude Gawsewitch Éditeur. 2006

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