L’ostéopathie, une comédie ?
Hissé sur sa barque de fortune, l’œuvre d’Eugène Delacroix montre le poète italien Dante Alighieri (1265-1321), accompagné de Virgile et conduit par Plégias, dans un voyage initiatique de l’enfer jusqu’au paradis. Ils franchissent le lac entourant la cité de Dité dans lequel les corps des Damnés se tordent et tentent d’échapper à l’enfer en s’agrippant férocement à la barque. D’influence classique, de Michel Ange à Rubens, la composition dramatique, pleine de hardiesse nouvelle sera qualifiée de romantique.
Œuvre dantesque, sublime, grandiose et à la fois terrifiante, éloge de la divine comédie, allégorie de la quête de la connaissance de soi, nous questionne sur notre parcours de thérapeute et de ses influences culturelles multiples.
Les origines du soin
L’ostéopathie, charlatanerie ou véritable comédie divine selon ses détracteurs, s’attache à un toucher empirique et un phrasé vernaculaire que l’on oppose à ceux, plus savants et scientifiques de la médecine moderne. Doctrinales ou dogmatiques, les avancées scientifiques, médicales, philosophiques, morales et sociales, ont subies des influences culturelles multiples au cours des âges.
Le soin thérapeutique, se réinvente et au gré des influences culturelles variées qu’elle soient philosophiques, spirituelles et religieuses et dépendent des paradigmes en place dans l’histoire et l’environnement du moment.
Les comportements humains (et en particulier ceux qui sont liés aux soins) résultent-ils de phénomènes culturels autonomes ? Sont-ils la conséquence d’évolution biologique et génétique pas uniquement humaine ?
L’importance accordée à la souffrance et à l’inverse à l’épanouissement, à l’origine de l’empathie, fonde nos représentations mentales et notre imagination. Trouver des remèdes à nos tourments corporels, spirituels, moraux issus de nos peurs, souffrances, émotions négatives et positives fortes ont poussé l’humain à élaborer, peinture, musique, littérature mais aussi croyances religieuses, philosophie, politique, en un mot la culture.
« Les sentiments sont l’expression mentale de l’homéostasie, tandis que cette dernière, qui agit sous le couvert des sentiments, est la chaîne pratique qui relie les formes de vie primitives à l’extraordinaire alliance des corps et des systèmes nerveux. C’est cette alliance qui a donné naissance à nos esprits conscients et sensibles. Et ce sont eux qui, à leur tour, ont fait naître les caractéristiques les plus distinctives de l’humanité : la culture et la civilisation. » (Damasio 2017)
« Nos tendances comportementales naturelles nous ont guidés vers l’élaboration consciente de principes (élémentaires et inconscients) de coopération et de lutte – et ces principes conditionnent le comportement de nombreuses formes de vie. Au fil de l’évolution, ils ont également guidé, pendant de longues périodes et chez de nombreuses espèces, l’unification de l’affect et de ses principales composantes : toutes les réactions sensibles générées par la perception de divers stimuli internes et externes liés aux appétits – soif, faim, désir sexuel, affection, bienveillance, camaraderie – ou par la détection de situations nécessitant des réactions émotionnelles telles que la joie, la peur, la colère ou la compassion. Ces principes (qui, comme nous l’avons souligné, sont facilement reconnaissables chez les mammifères) sont omniprésents dans l’histoire, l’origine et le développement de la vie. De toute évidence, la sélection naturelle et la transmission génétique ont travaillé avec acharnement à modeler et sculpter ces modes de réaction en milieu social et à façonner l’esprit humain créateur de culture. Les sentiments subjectifs et l’intelligence créatrice ont évolué côte à côte dans cet environnement et ils ont créé les instruments culturels qui répondent aujourd’hui à nos besoins. Si cette hypothèse est la bonne, alors l’inconscient humain trouve littéralement ses origines dans les toutes premières formes de vie ; même Freud et Jung n’avaient pas envisagé l’existence de racines aussi lointaines et profondes. » (Damasio 2017)
Sans vouloir remonter aux formes de vie les plus primaires, certaines époques, qualifiés de « primaires », ont donné lieu à l’émergence d’esprits créatifs ayant eu une influence majeure jusqu’à nos jours.
Le XIIe siècle et Hildegarde de Bingen
Hildegarde de Bingen (1098-1179), moniale canonisée par le pape Benoit XVI en 2012, vénérée dans le diocèse allemand et élevée au rang de Docteur de l’église fut une femme à l’esprit proprement encyclopédique. Issue d’une famille noble allemande, confiée au bénédictins pour son éducation dès l’âge de 8 ans, déclare avoir eu des visions révélées depuis l’âge de trois ans. De part son érudition et sa curiosité insatiable, elle acquérait des compétences pharmaceutiques, naturalistes, médicales, gastronomiques, musicales, théologiques, mystiques, politique et féministe.
L’église triomphante du XIIe siècle, dite grégorienne, lutte contre la dépravation des mœurs et des corps, abominables vêtements de l’âme. Corps diabolisés et en particulier le corps des femmes, obstacle à la spiritualité, dangereux, responsable du détournement des fidèles de leur devoir envers Dieu.
Parité inexistante, les hommes au combat et au pouvoir, la femme à la maison ou au couvent.
Hildegarde de Bingen va tenir en respect tous ces hommes d’Église, de par l’étendue de ses connaissances dans les domaines les plus divers, foi et raison fusionnent chez elle dans ce XIIe siècle européen qui cherche la place de l’homme dans le cosmos et dans l’histoire (microcosme et macrocosme).
Précurseure d’une médecine, certes moyenâgeuse mais néanmoins esprit moderne, « tout est lié » dit-elle ; physique, psychologique, morale, foi sont liés et font la santé de l’être humain.
Fascinée par les écrits de Galien et d’Aristote, elle publia, outre ses visions prédicatrices, des ouvrages de théologie et de philosophie naturelle, Le livre des œuvres divines : Liber divinorum operum simplicis hominis où elle expose ses visions de l’organisation de l’homme dans l’univers à l’origine d’une représentation de l’homme bras étendus recevant les influences cosmiques qui deviendra l’homme de Vitruve de Leonard de Vinci.
En matière naturaliste, elle écrira le Physica (1151-1158) ou livre des subtilités des créatures divines et De la nature, en menant des recherches sur les remèdes thérapeutiques issus de plantes et d’animaux.
En matière médicale, dans Les causes et les remèdes (Liber compositae medicinae. Causae et curae), elle reprendra les écrits d’Hippocrate sur la théorie des humeurs, du cœur siège de l’âme humaine selon Aristote et ceux des médecins de l’antiquité (Galien, Disocoride).
Médecin, Hildegarde préfigure les prémices des notions de circulation sanguine et du système nerveux, ses connaissances en matière pharmacologique et médicinale sont vastes. De sa conception holistique de l’univers de l’homme, elle inspira Dante dans la divine comédie sur la conception de l’unité du corps et de l’esprit.
Humaniste et féministe avant l’heure, la femme est pour elle à l’origine de la vie, le corps de la femme, ses maux et ses mots, sa sexualité, à travers ses écrits font de Hildegarde une interlocutrice de premier ordre auprès des grands hommes de son époque.
« Il n'y a pas de maladies, rappelle avec force Hildegarde, mais des hommes malades, et ces hommes sont intégrés dans un univers qui, de même qu'il participe à leur malheur, doit aussi prendre sa part dans la guérison ; ils doivent être soignés dans leur totalité, corps et âme, et, même si la nature peut et doit venir à leur aide, c'est bien souvent dans leur propre sagesse, leur modération, leur maîtrise d'eux-mêmes, qu'ils trouveront les forces qui soutiendront le processus de guérison. » (Hildegarde de Bingen. 2015)
« Où l’on renoue avec le thème du tempus muliebre (un temps efféminé, une expression employée par Hildegarde elle-même dès son Scivias), le motif du déclin de l’Église dû à la faiblesse des hommes auquel seules de fortes voix de femmes pourront porter remède, dont les contemporains de Hildegarde commentant sa prise de parole prophétique exprimaient une claire conscience. » (Laurence moulinier-Brogi 2013).
Le XIVe siècle de Dante
La Terre est au centre de l’univers, autour de celle-ci tournent les neufs cieux avec au delà l’Empyrée.
L’enfer
Dieu précipita Lucifer, chef des anges rebelles du haut des cieux. S’enfonçant dans les entrailles terrestres, de la force de sa chute, il y creusa un énorme entonnoir béant et s’y figea dans les glaces du centre de la terre et de l’univers géocentrique ptoléméen. Cet entonnoir c’est l’enfer.
L’Enfer est compartimenté en neuf cercles avec les cinq premiers cercles à l'extérieur de la cité de Dité, et les quatre derniers cercles à l'intérieur de cette cité. Les damnés tombent dans l’enfer en fonction des péchés dont l’importance est proportionnelle à la profondeur du cercle correspondant.
Les cercles :
1er cercle des limbes avec les non baptisés et les anciens de l’antiquité. 2e cercle les luxurieux, 3e cercle les gourmands, 4e cercle les avares et les prodigues, 5e cercle les coléreux, 6e cercles les hérétiques, 7e cercle les violents, 8e cercles les fraudeurs, la fausse innocence, le manque d’engagement, et enfin 9e cercle les traitres.
Le Purgatoire
Au fond de l’enfer se trouve l’entrée interdite (impossible aux damnés) d’un souterrain qui mène aux antipodes terrestres de Jérusalem. Ce chemin caché mène à une île, ou s’élève une montagne, le Purgatoire, issue de la masse terrestre chassée par la violente chute de Lucifer. Le Purgatoire comprend le rivage et les sept terrasses de cette montagne et est surplombé par le Jardin d’Éden.
La divine comédie de Dante
Dante (1265-1321), poète, homme politique, publia entre 1307 et 1321 la comédie (qui deviendra la divine comédie) véritable parcours initiatique, pèlerinage de l’esprit, au travers de l’enfer et du purgatoire vers le paradis.
Œuvre magistrale, composée de 3 livres (l’enfer, le purgatoire et le paradis), chaque livre se divise en plusieurs chants (poèmes chantés), 33 exactement symbolique de la trinité, chaque chant est le récit d’une épopée dans laquelle Dante lui-même participe et va à la rencontre de personnages mythologiques et historiques conduit par le poète Virgile et Béatrice, son amour courtois disparue jeune, à 24 ans.
L’antiquité parlait d’Eros, les romains parlait d’amour, ce qui fit dire à Victor Hugo : « Platon a dit eros, Virgile a dit amor ». « Omnia vincit amor et nos cedamus amori » qui signifie « L'amour triomphe de tout et cédons à l'amour ». Virgile (70 av. J-C - 19 av. J-C), Bucoliques X, 69. L’amour et le désamour, architectes de l’enfer, l’amour a inventé la géométrie de l’enfer là où il peut y avoir de l’amour dans la haine.
Dans la droite tradition des écrits Homériques de l’Odyssée, de l’Enéide de Virgile en langue latine, Dante écrit en langue vernaculaire toscane (qui deviendra l’italien), qui se termine bien, opposé à Tragédie, oeuvre écrite en grec ou en latin, langues savantes et nobles qui se termine en général par une catastrophe et n’abouti pas à une unité mais ou le sujet dans la tragédie reste divisé (objet d’un dilemme) et non unifié, c’est à dire ne faisant qu’ « un ».
Voyage symbolique, métaphysique, véritable quête de soi, descente dans les noirceurs de son esprit permettant d’accéder à la lumière ? Rêve, vision, cauchemars ? Transformation de soi, récit initiatique, allégorique ? Récit de métamorphose pré-kafkaïenne ?
Parcours de vie et aventure rocambolesque dans des univers que l’on pourrait attribuer à Tolkien. Œuvre magistrale tellement elle est inspirante dans l’inconscient collectif humain (Balzac dans la « comédie humaine » s’inspire de Dante ou Jules Vernes dans le voyage au centre de la Terre) et archétypale de nos peurs, de nos transformations que l’on qualifieraient aujourd’hui de transhumanistes.
Pire que la peur suscitée par les tortures et expiations de nos péchés est la notion de ne rien faire et de ne pas parcourir ce chemin initiatique.
Traverser la douleur, les peurs au cours de ce parcours est la chose primordiale pour Dante. L’espoir de l’accès au paradis au bout de ce cône inversé (l’enfer) et du cône du purgatoire, les rencontres, les doutes, le dépassement de soi,
Recherche de vérité absolue, que l’on peut voir chez les catholiques à travers Dieu mais peut-être pour Dante à travers un chemin spirituel, parcours initiatique laïque.
Essence de l’expérience des sens, du corps, et non de l’illumination Divine. (titre Comédie au début et non Divine Comédie)
Dante s’adresse à tous nos sens, paysage sonore dès le premier cercle des limbes, soupirs des antiques n’ayant pas réussi à obtenir, selon les chrétiens, l’absolue vérité. Est-ce une parabole du chemin initiatique et chaotique à travers les siècles menant au progrès de la condition humaine, à la vérité et à la perfection ?
(La perfection étant ce récit impénétrable, difficile et parfois incompréhensible).
Trasumanar (outrepasser l’humain) : « Ce néologisme par lequel il traduit une expérience de dépassement du soi et de l'humain est sans doute la clef de lecture à partir de laquelle son oeuvre prend sens : déceptions amoureuses, condamnations ou exil, elle manifeste le long chemin parcouru par cet "esprit pèlerin", de l'humain vers le surhumain. Une métamorphose de soi qui est aussi une métamorphose de l'amour sous toutes ses formes. » (Didier Ottaviani. 2016)
Extase mystique, transhumanisme, atteinte nirvanesque, plénitude contemplative du Divin, Outrepasser l’humain ne peut se dire par des mots. Transformation par l’écriture, mots hirsutes et rêches de l’enfer puis néologismes et mots inventés, lissés et bien peignés, au paradis évoque probablement un auteur synesthète.
Le purgatoire
Entre l’âme et le corps, le statut du corps et de l’âme reste le thème central dans la divine comédie. Le Purgatoire est le chemin ou l’on s’améliore telle une thérapie. L’antichambre du paradis, lieu de la douleur productive qui enseigne. Ceux qui ne sont pas admis au paradis, ont la possibilité, ici, de se purger, d’expier leurs fautes, sorte de réhabilitation et de réinsertion avant l’heure. La divine comédie c’est le travail de l’intériorité humaine pas uniquement le voyage initiatique d’un l’auteur.
A la fois purge et purification, notion corporelle et matérielle, hygiéniste comme a pu l’être Hildegarde de Bingen. Mais aussi moraliste et spirituel (Hildegarde a pu dire que les deux étaient liés, inséparables).
Le purgatoire est vu comme jugement de l’âme de l’individu, non plus perçu comme faisant partie d’un groupe collectif mais comme personne seule, individuelle avec son expérience propre. Est-ce le début de la notion d’individualité ?
Dans le purgatoire, le corps est dématérialisé, les âmes sont comme ombres séparées du corps, s’habillent d’un corps « d’air » afin de ressentir et d’avoir une expérience pleine et entière de l’au-delà.
Les âmes arrivant dans l’au-delà sont encore très liées à leur corps physique (notion expérientielle et corporelle), le purgatoire est le lieu où l’âme apprend à se détacher de ce corps, de son passé, de sa mémoire pour mieux se lier à Dieu et donc former une unité avec Dieu.
Union des âmes impossibles au purgatoire car affublées d’un corps d’ombre impalpable, que l’on nommera peut-être « éthérée » bien plus tard est une allégorie ancienne déjà présente dans l’Iliade et l’Odyssée d’Homère et dans les écrits de Virgile, donc bien avant le christianisme. Ombre impalpable allant vers la lumière, corps en feu se détruisant, unification, séparation puis réunification des âmes et des corps (résurrection de la chair chez les catholiques ?) sont présent dans la littérature et les récits de l’antiquité jusqu’à nos jours.
Ces récits, poétiques, lyriques nous conduisent à penser que ces auteurs, contrairement aux dogmes religieux, nous invitent à considérer ce corps, lieu de nos mémoires, de nos émotions, de notre histoire, qu’il persiste un manque existentiel à s’en séparer.
La religion crée une unité de l’âme avec Dieu, séparée du corps, les auteurs païens antiques et les poètes (Virgile et Dante) nous invitent à créer une unité âme et corps. Ce corps, certes mortel, est « nous-même » et nous permet d’accéder à notre âme, à nos ressentis et d’aller vers les autres.
Le paradis
L’au-delà est vue comme une métaphore de l’âme. Une recommandation des pratiques de vie sur terre et non dans l’au-delà.
Rester dans le purgatoire ou l’enfer c’est le lot de ceux qui ont raté l’amour et qui vivent dans le désir et les besoins qui ne permettent pas d’obtenir le bonheur. Lieu et chemin de plénitude et d’harmonie ou règne la lumière, la musique et le mouvement. (La musique et le mouvement ne sont pas sans évoquer aussi Mozart le synesthète).
Le plaisir venant du mouvement plutôt que de la contemplation.
« La jouissance dépasse toujours le désir qui l’avait formulé. » Roland Barthes
Au paradis le désir devient plus subtil, plus fin, venant d’une situation de dépassement. Jouissance d’un bonheur qui nous comble et nous donne encore l’envie de le dépasser.
Dante signe l’impuissance et l’inadéquation de nos mots (depuis Babel ?) à représenter le réel. L’humilité semble nécessaire à la prise de conscience que bien peu de paroles et des mots bien faibles décrivent la réalité perçue.
La réalité bien plus grande que la réalité humaine perçue, force Dante à inventer des néologismes comme un dépassement.
« Cette frénésie de la lumière et de la couleur on peut la qualifier de passion textile plutôt que d’alphabétique » quoi de plus poétique que de parler de lumière palpable, tissée de couleur (encore une synesthésie ?)
« Flamme limpide », mélange de feu, d’eau et de lumière.
Lumière qui « emparadise » mon âme, lumière associée au mouvement, rythmes et harmonies, danse des corps, des astres et des étoiles au paradis. Le paradis est vu comme le lieu de la résurrection des corps associés aux âmes pour parvenir au paradis.
Les influences culturelles, scientifiques, spirituelles voire mystiques, religieuses ont essaimés les différents courants culturels et scientifiques au cours des siècles suivants.
François Rabelais (1494-1553), à la fois ecclésiastique et anticlérical, chrétien, médecin et à la fois bon vivant et penseur libre des mœurs et des tourmentes religieuses et politiques de son temps, lui apporte une critique sans vergogne. De même Erasme dans son éloge de la folie (1509) rédige une thèse humoristique (en latin) et prête une critique acerbe des professions savantes et cléricales dans une satire mordante de la courtisanerie.
Inventio inventivité sont les maitre mots de ces artistes, imagination, créativité qui s’oppose à un conformisme, à un obscurantisme ambiant des uns et des autres, des ostéopathes et des scientifiques. De cette créativité viennent les idées, les concepts, à l’origine de changements, les innovations.
L’art et ici en particulier, la littérature et la poésie, laissent place aux interprétations, aux paradoxes et aux contradictions contrairement aux dogmes religieux ou à la théologie normative.
Analogies et correspondances
La pensée par analogies et correspondances est une pratique commune à beaucoup de cultures ; elle remonte aux sumériens vers 2800 avant J.C. cette pensée donne une unité aux choses, y introduit de la parenté, même nature, même origine.
Pythagore disait : "La nature est en tout semblable à elle-même" (Vers d'or, 52)
Il fut à l’origine des correspondances entre les nombres et les choses, nombres et figures, il parle de nombres linéaires, triangulaires, puis trois avec tirangle, quatre avec carré, correspondance entre géométrie et arithmétique
Platon fait correspondre âme et société, celle-ci est l’image agrandie de l’âme. Ce qui justifie pour lui la « nécessité à accorder en chacun de nous les mêmes formes, les mêmes dispositions morales qui justement existent dans l'État" (La République)
Aux trois fonctions de l’âme (désir, ardeur, raison) correspondent trois fonctions sociales (travailleurs, guerriers, philosophes). Aux cinq espèces d’état (monarchie, timocratie, oligarchie, démocratie, tyrannie) correspondent cinq comportements d’âme (bonté, honneur, avidité, désir, violence)
Johannes Kepler dans son traité Mystérium cosmographicum (1596) remarque que l’univers compte autant de planètes que de polyèdres réguliers.
Newton remarquait qu’il y avait une parfaire correspondance entre les couleurs et les notes.
Chez Baudelaire, dans Les Fleurs du mal (1857), dans le sonnet "Correspondances" :
« Comme de longs échos qui de loin se confondent
Dans une ténébreuse et profonde unité,
Vastes comme la nuit et comme la clarté,
Les parfums, les couleurs et les sons se répondent. »
Kandinsky justifie les couleurs par leur musique, Paul Klee compare les voix et les couleurs.
L’analogie et les correspondances se rapprochent plus des synesthésies, les liaisons dangereuses mêlant symbolisme, sacré, lois de la nature n’ont rien de scientifiques.
Les approches mystiques n’ont pas eu de retombés scientifiques directes mais la science aurait-elle progressée si elle n’avait pas eu des « savants » touchés par la métaphysique et l’esthétique ?
Ame, où es-tu ?
De tous temps, les « savants » ont tenté de trouver et prouver l’existence et le siège corporel de l’âme. Ce concept spirituel et religieux d’âme, transcendant et unifié à l’homme lors de son parcours terrestre n’a depuis toujours pas eu de réponse claire à la grande quête métaphysique du siège de l’âme.
Le débat continue encore de nos jours sur le dualisme de Descartes qui opposera la substance (res cogitans, l’âme) à l’étendue (res extensa, le corps) du monisme de Spinoza qui proposera plutôt l’alliance corps/âme en soutenant l’idée que Dieu n’est que la nature elle-même.
Ame : « Principe spirituel de création divine, transcendant à l'homme auquel il est uni pendant la vie terrestre comme foyer de sa vie religieuse où s'affrontent le Bien et le Mal. » CNRTL
Descartes et le dualisme
Hommes d’esprit, philosophes, scientifiques, anatomistes, artistes, ont pendant des siècles, tenté de loger l’âme. Ame immatérielle et corps matériel, Descartes tenta de rendre compte de cette existence conjointe au sein d’une petite glande au centre du cerveau, la glande pinéale. Point de jonction entre l’âme et le corps, zone profonde, insondable et quasi indomptable, la région de la base crânienne reste encore à ce jour le saint graal, la substantifique moelle (sans mauvais jeu de mots) des préoccupations ostéopathiques.
En Haut, l’activité débordante de la glande pinéale dans le cerveau « pendant le temps de la veille », envoyant simultanément une multitude de faisceaux d’esprits dans les divers canaux nerveux. En bas, à l’opposé, pendant le sommeil et les songes, la glande ne renvoie que quelques faisceaux d’esprits dans les nerfs. (Descartes 1664)
Avant d’être considéré comme un amas de neurones excités par des signaux électriques, le cerveau était considéré comme une ressource de fluides alchimiques contrôlés par l’âme diffusant, pompant « l’esprit » et agissant sur le corps. En retour « l’esprit animal » du corps exerce son influence sur le cerveau par l’intermédiaire de cette glande pinéale.
L’oeuvre de Swedenborg
Du fait de la contiguïté historique, géographique et scientifique, cette quête du siège de l’âme au sein du cerveau n’échappe pas à Emmanuel Swedenborg (1688-1772), scientifique, philosophe et théologien suédois dont les écrits furent connus tardivement, est à l’origine, en 1744, d’un livre (The brain) publié plus tardivement dans lequel il décrit précisément l’anatomie cérébrale humaine et son influence sur le reste du corps.
Il recherche les manifestations de l’âme dans le corps, les interactions de l’âme et du corps, il décrivit les aspects structurels anatomiques du corps comme dépendants de leur fonction et de leur utilité.
Pour lui, l’âme est le principe le plus élevé et le corps son reflet. Cette âme indétectable par nos sens, intime donne forme au corps, son vaisseau, à l’image de son créateur et empreint de sagesse divine. L’âme siège de l’intention (divine), le cerveau siège de la cause (res extensa ?) et le corps siège des effets de l’âme.
Il décrit, par observation des accidentés encore vivants de la sphère cérébrale, un cerveau mobile par alternance de rétractions et expansions.
Cette mobilité se diffuse grâce à la qualité spiralée des structures différentes du cerveau créant une « fluxion spiralée » en alternance de rétraction et expansion. Celle-ci se propage dans la moelle épinière et le tronc cérébral.
Ne se contentant pas simplement de comparer cette alternance aux mouvements respiratoires, il décrits ceux-ci comme secondaires, ainsi il est le premier à parler de « respiration primaire ».
Cette respiration primaire, reflet de l’âme dans le corps, est causée par un fluide, une essence éthéré issue des cellules du cerveau (comme « l’esprit » de Descartes). Cette forme fluidique, relie âme, esprit et corps et circule par l’intermédiaire des nerfs dans tout le corps jusqu’à la plèvre et le péritoine.
Ce fluide, qu’il décrit comme élastique, volatile et subtil circule et se mêle à d’autres fluides et en particulier le LCR duquel il se distingue comme un fluide dans un fluide. Le LCR qu’il décrit comme mobile est le siège du fluide éthéré (de l’âme matérialisée, fluidisée) qui l’anime. L’âme « souffle » et « inspire » le fluide éthéré dont elle est le siège (tel un « souffle de vie » ?).
Le LCR animé par ce fluide éthéré circule (et non fluctue comme le dira plus tard W.G Sutherland) et mobilise, par l’intermédiaire des membranes crâniennes, les os du crâne, mouvements qu’il ne décrira que pour les os de la voûte contrairement à W.G. Sutherland.
La dure-mère « tel un tendon musculaire, contribue d’une manière générale à la mobilité expansive réciproque du cerveau. »
Les idées de membranes de tension réciproque, de tendon central et de rythmicité sont lancées 200 ans avant les premiers « intuitions » de W.G. Sutherland.
Il décrit plus une circulation de ce fluide éthérée qu’une fluctuation en ce sens que ce fluide circule dans le corps et dans les vaisseaux sanguins pour venir se recycler dans le cerveau et former le « cercle de la vie » à l’infini.
Les traductions de Rudolf Tafel à Alfred Acton
La famille Tafel et Boericke s’installe en 1853 à Philadelphie et ouvre une librairie spécialisée dans les écrits (nombreux) de Swedenborg. Influencé par Constance Hering, ils vendirent des remèdes homéopathiques puis ouvrirent une pharmacie homéopathique en 1869. Rudolf Tafel, un des frères, se lance plutôt dans un doctorat de linguistique, ce qui l’amena à traduire les écrits de Swedenborg et notamment The brain en 1882.
Les œuvres de Swedenborg ne se limitant pas à la science, ces écrits théologiques ont donné naissance à un ministère chrétien du nom de Nouvelle Eglise Chrétienne ou Eglise Générale de la Nouvelle Jérusalem. Alfred Acton, un de ces évêques, a traduit, entre autres écrits, « De cerebro » en anglais en 1938 et publié celui-ci au sein de l’association scientifique Swedenborg. Voulant vérifier certaines affirmations de l’auteur, il se mit en contact avec des scientifiques et universitaires de cette époque ainsi que des ostéopathes dans le New Jersey entre 1938 et 1944.
L’œuvre de Sutherland
W.G Sutherland, ostéopathe, décrit le concept ostéopathique dans le champ crânien dans son ouvrage « the cranial bowl » en 1939. Dans ce livre il énonce un des principes fondamentaux de l’ostéopathie, à savoir le mécanisme respiratoire primaire.
Il parle de la mobilité intrinsèque du cerveau et de la moelle épinière
De la fluctuation du LCR
De la mobilité des membranes intracrâniennes
De la mobilité articulaire de tous les os crâniens
Et de la mobilité involontaire et intrinsèque du sacrum.
Sur ces cinq phénomènes énoncés, seul le dernier n’est pas décrit par Swedenborg ! W.G. Sutherland apporte des précisions quant à la mobilité des autres pièces osseuses crâniennes et se distingue sur la notion de fluctuation par rapport à celle de circulation du LCR.
Les influences de Sutherland
D’après Ida Rolf, qui fut la secrétaire particulière de Sutherland avait déclaré que Sutherland utilisait la traduction de Tafel des écrits de Swedenborg. Ida Rolf, docteur en biochimie fonda le Rolfing® (ou intégration structurale) vers les années 1950, technique alliant le traitement des fascias et l’éducation au mouvement.
Les mauvaises langues dirent qu’elle fut aussi sa maitresse et qu’elle fut congédiée par son ancienne femme (avec qui il se remaria) ce qui peut expliquer l’origine de la mauvaise entente entre les adeptes du Rolfing® et de l’ostéopathie.
Sutherland a aussi rencontré Alfred Acton et a pu, à cette époque, être en mesure de posséder la deuxième traduction anglaise de « De cerebro » de Swedenborg.
Anatomiste chevronné mais néanmoins thérapeute ; de ce concept, il y ajoute une partie diagnostique et thérapeutique. Le concept « fluidique » existe chez les deux auteurs, force motrice primaire, indépendante de la respiration pulmonaire (même si pour Sutherland, elle peut être une aide thérapeutique) Sutherland allant même jusqu’à parler (ou reprendre) le terme de « souffle de vie.
L’ajout de la mobilité spino-vertébro-sacrée et la précision de celle des os du crâne est-elle le signe d’une déformation professionnelle ?
Sutherland fera évoluer son concept. L’importance du sphénoïde et de la symphyse sphéno-basilaire est le lieu primaire des « lésions » autour duquel la voûte va devoir s’adapter. Comme ses prédécesseurs non-ostéopathes, cette zone profonde, toujours insondable mais devenue domptable et mobilisable selon Sutherland est le siège, avec le LCR du souffle de vie, du potentiel suprême et va devenir l’élément libérateur et thérapeutique au cours d’un toucher « non sensoriel » comme une marée, exempt de forces externes adjuvées et engageant la volonté divine et l’intelligence avec un grand « I ».
« Permettre à la fonction vitale interne de manifester sa puissance infaillible, plutôt que d'appliquer une force aveugle venue de l'extérieur. »
Il introduit par la suite les notions de lumière liquide, d’espace interstitiel, et, comme pour Swedenborg avec sa notion de fluide éthéré, l’idée de « jus » fluide et de transmutation du LCR.
Tout comme A.T. Still, pasteur, Swedenborg, théologien et Acton, évêque, Sutherland a un abord mystique et spiritualisé dans son approche crânienne de l’ostéopathie.
Sutherland a-t-il été influencé par ses prédécesseurs, empreint de mesmérisme ou spiritisme en vogue, de « mécanisme » et dualisme cartésien, de monisme Spinozien, d’unicisme homéopathique, d’ingénierie des écrits de Diderot et d’Alembert, ou des différentes avancées technologiques et scientifiques des époques antérieures ? Néanmoins il est présenté comme un novateur ayant eu « l’idée folle » intuitive d’imaginer et de pressentir, dès 1899 la mobilité des os du crâne et de la décrire telle une « respiration » comme les ouïes d’un poisson.
Représentation individuelle et sociale
Difficile de faire dialoguer des sciences habituellement cloisonnées en silo.
Il subsiste une interrogation entre les hommes, leur environnement et les rapports entre les deux. Les systèmes de croyances et de représentation sont fonction des pays et des cultures préétablies.
La représentation du réel des interactions humaines dans leur environnement est difficilement assimilable tant elles sont complexes et diverses. Ainsi créer un schéma de représentation individuel ou collectif permet d’appréhender au mieux et d’agir efficacement dans cet environnement particulier.
Les représentations (géopolitiques, culturelles, politiques de santé publique) se fondent souvent sur l’objet de l’étude et pas sur la méthode qui permet d’aborder l’objet.
Traditions, présupposés, croyances font le lit des représentations d’un objet (en l’occurrence la santé) qui diffèrent selon l’origine culturelle au sens large.
Ainsi, à ce jour, il faut différentier, en terme de santé publique, le vaccin, de la vaccination de celles des politiques de vaccination. Les contaminations et les épidémies ne s’arrêtent pas aux portes des frontières, les politiques de vaccination, oui. Quel en est l’intérêt en terme de santé publique ? éradiquer une maladie passe par une vaccination de masse à grande échelle, mondiale, pas par une obligation vaccinale dans le cercle restreint franco-français.
A l’image de la tribune des 124 (Le Figaro du 18 Mars 2018), où médecins et professionnels de santé ont alerté sur les soins et autres pratiques non-conventionnelles dites « alternatives ». Selon eux : des disciplines « sans aucun fondement scientifique », « nourries par des charlatans » et « basées sur des croyances promettant une guérison miraculeuse », réputées « dangereuses », « elles soignent l'inutile en surmédicalisant la population ». Elles installent une « défiance » vis à vis de la médecine conventionnelle, elles « retardent les diagnostics » et afin de pourfendre le mal à sa racine ils demandent purement et simplement « l'exclusion de ces disciplines ésotériques du champ médical ».
Le scepticisme doit-il se transformer en dogmatisme ?
Doit-on considérer l’autre, n’ayant pas la même opinion sur la notion de santé, comme un imbécile et un irrationnel au point d’en devenir dogmatique ?
Les correspondances, depuis Hippocrate avec sa théorie des quatre humeurs, ont influencés et servit de référence aux typologies jusqu’au XXe siècle.
L’église catholique va aussi influencer les croyances populaires en matière de santé et de représentations du corps et de l’âme. L’âme se doit d’être purifiée, la chair est triste, méprisable et périssable. Les maladies sont la volonté (ou la châtiment) de Dieu et certaines pathologies correspondent aux comportements liés aux péchés capitaux. La souffrance purifie l’âme.
Le déclin des croyances religieuses en matière médicale, la réforme provoquera l’essor des sciences et l’arrivée du siècle des Lumières (XVIIIe siècle).
Aujourd’hui, l’emprise croissante du milieu médical sur les patients, les corps, devants être dociles, surveillées, améliorés, transformés, voire stéréotypés, objets d’une nouvelle attention culturelle plus individualiste que sociale. Emprise médicale légitimée et officialisée venant d’une réussite affirmée. (Bruchon-Schweitzer 2014)
Le corps doit être « beau », en bonne santé, selon des prescriptions normatives afin d’être intégré dans le corps social. Du « mieux-être » au « paraître », il n’y a qu’un pas qui semble être franchi.
Percevoir la santé comme une caractéristique individuelle est propre aux cultures occidentales. Dans les cultures orientales, la santé s’intègre dans des systèmes de croyances et le tissu social comme un savant mélange équilibré et complexe (famille, communauté, cosmos, nature)
Doit-on faire la différence entre les représentations mentales du malade, du corps et les représentations sociales de la santé ? D’évidence oui.
Les représentations sociales constituent « une forme de connaissance, socialement élaborée et partagée, ayant une visée pratique et concourant à la construction d’une réalité commune à un ensemble social. Egalement désignée comme savoir de sens commun ou encore savoir naïf, naturel, cette forme de connaissance est distinguée, entre autres, de la connaissance scientifique ». Jodelet (1989)
« Une représentation sociale est un ensemble organisé et structuré d’informations, de croyances, d’opinions et d’attitudes, elle constitue un système sociocognitif particulier… » Abric (2000)
Doit-on réintroduire les caractéristiques culturelles dans les modèles théoriques de santé publique ?
Les anglo-saxons ont deux termes distinct pour caractériser la maladie.
Disease qui correspond à des troubles somatiques objectifs et des symptômes identifiables. Illness pour l’expérience subjective des patients.
Médecins et patients sont confrontés au quotidien à des ambiguïtés, des approximations (tests de laboratoire rarement réalisés de façon impeccable ; diagnostics établis à partir des symptômes subjectifs rapportés par les patients ; conformité imparfaite entre les anomalies supposées et les résultats des examens, etc...). Pour Morris (1998), l’objectivité médicale est un mythe.
Références
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Roland Grossmann. Une femme inspirée, Hildegarde de Bingen (1098-1179)
Hildegarde de Bingen. Les causes et les remèdes Editions Jérôme Million. 2015
Laurence Moulinier-Brogi, « Habemus sanctam ! La vie sans fin de Hildegarde de Bingen », Médiévales [En ligne], 63 | automne 2012, mis en ligne le 15 janvier 2013, consulté le 01 octobre 2016. URL : http:// medievales.revues.org/6878 ; DOI : 10.4000/medievales.6878
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